"Héritages", du théâtre à Paris pour sourds et entendants
Du théâtre pour public sourd et entendant. L’International Visual Théâtre existe depuis 4 ans à Paris. Emmanuelle Laborit, sa directrice, s’inquiète aujourd’hui pour l’avenir de ce lieu.
Cultivons la différence, arrêtons de parler de déficience. C’est vraiment ce que pense le spectateur quand il sort de cette pièce pas comme les autres, Héritages écrite par Bertrand Leclair, en création actuellement à l’IVT l’International Visual Théâtre, rue chaptal dans le 9è à Paris.
Un spectacle tous publics pour 3 comédiens sourds et 3 comédiens entendants, qui se nourrit scéniquement de la gestuelle de la langue des signes française et des quiproquos nés de ce métissage des langages.
A travers l’histoire banale d’un héritage familial, Héritages raconte les difficultés toujours actuelles que vivent les sourds qui veulent parler ou apprendre la langue des signes. Langue interdite pendant plus d’un siècle, par le Congrès de Milan en 1880, et reconnue officiellement seulement en 2005.
Emmanuelle Laborit signe la mise en scène d’Héritages et dirige l’IVT à Paris. Corinne Gache est son interprète.
Héritages, une pièce de Bertrand Leclair mise en scène par Emmanuelle Laborit, assistée d’Estelle Savasta créée jusqu’au 27 février à l’IVT, l’International Visual Théâtre, 7 cité Chaptal à Paris dans le 9e.
Niort. Troisième interpellation pour le sourd-muet addict au jeu
Rebelote pour Bernard, un sourd-muet de Niort bien connu pour son addiction au jeu de grattage. Le quinquagénaire reconnaissable actuellement par sa veste couleur vert pomme, a été de nouveau interpellé ce lundi matin, à la sortie d’un restaurant de la place de la Brèche à Niort.
Il venait d’y dérober de la menue monnaie pour acheter des billets de la loterie à gratter.
C’est la troisième fois que Bernard se fait interpeller depuis la fin janvier. Il est sorti de prison en début d’année.
Presque chaque année je demande à mes étudiants: "S'il le fallait, choisiriez-vous d'être sourd ou d'être aveugle?" En général ils estiment que le pire pour eux serait de perdre la vue. Pourtant, à bien y réfléchir, les inconvénients d'être sourd l'emportent. Le langage (il faudrait écrire ce mot en lettre capitales) n'est pas simplement important: le langage est TOUT. Sans langage, nous n'aurions ni histoire, ni littérature, ni art, ni science, ni technologie, ni peut être d'injustice. Parce que toutes ces choses, et d'autres, dépendent du langage et au-delà de notre capacité à la pensée abstraite, symbolique.
Les enfants nés sourds sont aussi muets, en tout cas ils le sont tant qu'ils n'ont pas appris un langage. Contrairement à la plupart des autres enfants, l'enfant sourd ne parvient pas à parler dès sa première année de vie. Et les efforts qu'il doit déployer pour enfin parvenir au langage sont énormes. Si personne ne le stimule spécifiquement dans ce sens il ne parlera jamais. Jadis de tels enfants étaient généralement classés, en tant que sourds et muets, parmi les handicapés mentaux incurables. Les sourds qui apprennent à parler tardivement dans la vie ne se souviennent pas de leur vie pré-linguistique, ou en tout cas ne parviennent pas à bien la décrire. Sans langage, le passé et le présent se fondent en une espèce de présent étendu: de vagues réminiscences d'intensités variables se disposent parmi des souvenirs au gré d'une chronologie imprécise, voire aléatoire.
En revanche, un enfant qui entend bien, apprend naturellement, pour ainsi dire automatiquement, à parler, via ce qui peut ressembler à une espèce de sens inné de la grammaire. Il est d'ailleurs possible que cet apprentissage commence dès la fin de la vie intra-utérine dès que le système auditif est formé.
Notre capacité au langage est le seul point qui nous distingue véritablement des autres primates. Tous les animaux communiquent, et certains peuvent même fabriquer des outils rudimentaires. Aucun animal en revanche n'est capable d'idées abstraites. Aucun chimpanzé n'a jamais expliqué à un autre chimpanzé "hier, à l'aide d'une liane et de ces deux bâtons noués l'un à l'autre j'ai réussi à décrocher le régime de bananes que nous cherchions en vain à décrocher depuis huit jours", même s'il est capable d'apprendre la manœuvre à ses compagnons en la-leur montrant. Autrement dit le chimpanzé peut copier mais non abstraire. Notre capacité à abstraire nous permet d'imaginer rapidement quelques-unes des manières de décrocher un régime de bananes d'accès difficile et de mettre en œuvre la meilleure solution, tandis que notre lointain cousin primate devra essayer toutes les possibilités avant d'en trouver une qui marche. Sans langage nous ne serions sans doute que d'habiles chimpanzés. Il parait que la différence entre eux et nous est due au 1% de différence entre nos ADN. En tout cas l'audition constitue bel et bien la base de nos existences humaines.
Il semble qu'il y ait une période de temps cruciale pour acquérir correctement son langage, entre la naissance et l'âge de 10 ans. Au-delà le langage est généralement déficitaire. De même une seconde langue peut être parfaitement apprise, et sans accent, avant l'âge de 10 ans. En quelques mois le petit enfant parle sa langue maternelle, sans accent, malgré un apprentissage chaotique, non structuré, sans cours de grammaire, au contact de personnes sans compétence pédagogiques (à savoir leurs parents, les autres enfants, etc). Un adulte en revanche mettra des années à parler incorrectement une langue étrangère, malgré l'aide de professionnels, de cours, de méthodes: il garde son accent, il fait des fautes de grammaire. Pour un allemand par exemple "une chaise" risque fort de toujours demeurer "un chaise" (ein Stühl).
Enfin, et puisque toutes les cultures humaines ont développé leur propre langue, chacune d'entre elles étant à la fois assez complexe pour que peu d'étrangers parviennent à parfaitement la maîtriser, et assez simple pour être apprise sans faute par ses enfants et comprise de tous avec peu d'efforts, nous pourrions dire que le langage est inné chez l'homme, surtout chez l'enfant. Notre langue est notre sixième sens.
Traduction libre: J.Watine. D'après Johannes Borgstain. A sense of language. Lancet 2001; 357: 1036-37.
antonales : Cécile Péguin, candidate écologistes sur le canton 7 lance sa campagne
Cécile Péguin, candidate écologistes sur le canton 7 de Toulouse lance sa campagne mercredi 16 février à 20H30 salle de la Roseraie.
La Réunion est publique pour les habitants du canton. Sont aussi invitées les personnes malentendantes et sourdes de Toulouse utilisatrices la langue des signes (LSF).
La candidate, Cécile Péguin, orthophoniste est supplée pour cette élection par Jean Charles Valadier, Adjoint au Maire de Toulouse.
Une belle initiative du MUba et de Signes de sens pour l'expo Leroy
ON EN PARLE |
Je me suis senti complètement sourd et exclu durant une visite de l'exposition Eugène-Leroy ! ...
Dans les allées du MUba on ne perçoit que les craquements du parquet et les cris familiers d'un petit bébé. Le groupe dans lequel je suis hausse la tête en guise d'acquiescement aux explications de Stéphanie Migacz, la guide. S'étonne de ses remarques, s'amuse des anecdotes, lui pose de nombreuses questions. Moi je suis là, je n'entends rien et ne comprends rien. La raison en est bien simple car la visite s'est tenue par une guide sourde en langage des signes.
Pour Tourcoing, c'était une première et suivre une telle visite vous fait toucher du doigt la délicate réalité de ceux qui ne peuvent suivre une visite commentée ni bien sûr qui ne peuvent bénéficier des explications d'un audio-guide.
Cette première opération s'inscrit dans une volonté du musée de développer une accessibilité maximale. Guide sourde, Stéphanie Migacz est professeur d'arts plastiques à Arras dans un centre spécialisé. Pour pouvoir assurer la visite, elle est venue à Tourcoing avec une interprète en langue de signes pour qu'on lui explique au mieux l'exposition Leroy. Puis, elle est revenue pour assurer deux visites (samedi et dimanche) cette fois avec une autre interprète qui a pu traduire les explications données par Grazzia Nocozia, la restauratrice qui est chargée de la collection Leroy.
Aurélie Brulavoine, pour l'association Signes de sens, explique que si c'est une première pour Tourcoing, cela se fait déjà à Dunkerque, Lille ou Villeneuve d'Ascq. Cela fait un an que le projet est lancé et d'autres opérations dans le cadre d'un partenariat devraient être mises en place dans les mois à venir.
Des opérations qui ne peuvent que recueillir le soutien de tout le monde. • CH. V.
lundi 14.02.2011, 05:18 - La Voix du Nord
http://www.lavoixdunord.fr
Les enfants initiés à la langue des signes au centre de loisirs
Durant les mercredis du mois de janvier, les enfants de l'accueil de loisirs sans hébergement primaire ont été initiés à la langue des signes. L'objectif pédagogique de ce projet d'activités était de faire découvrir aux enfants les difficultés de vie quotidienne des sourds et muets. Ce projet a suscité beaucoup d'enthousiasme auprès des enfants qui, en trois séances seulement, connaissaient déjà l'alphabet, leur prénom et savaient 'signer' quelques mots de la vie courante. Un grand merci à l'intervenant Cyril Maulon.
Une activité pédagogique proposée durant les mercredis de janvier.
Bessan Les aînés de la Tuque se réuniront en assemblée générale le 18 février
Assemblée générale de l'UNRPA
L'association des Aînés de la Tuque, section locale de l'UNRPA, tiendra son assemblée générale vendredi 18 février à17 h, dans la salle des fêtes.
Au programme, la rétrospective des activités de l'année 2010, les comptes de résultats (hors celui du loto organisé le 13 février, donc un peu tard pour l'entrer en compte), et les projets pour l'année qui vient.
Un super et substantiel apéritif suivra, comme toujours, la réunion.
La Tucarella en concert à Zinga Zanga
Vendredi 18 février, à Zinga Zanga à Béziers, aura lieu une soirée au profit d'Artémime. Au programme : 18 h, conférence-débat autour de la langue des signes et de la surdité ; 20 h, début de
soirée en compagnie de l'ensemble vocal La Tucarella de Bessan ; 21 h 30, show Artémime, avec Charlotte, chanteuse et meneuse de revue du Crazy show. Artémime, association culturelle et artistique pour sourds et entendants, vise depuis cinq ans à promouvoir la langue des signes française, passerelle entre deux cultures et deux langues et à sensibiliser à cette langue, les entendants, au travers de spectacles accessibles à tous.
La Tucarella, chorale dirigée par Anne Lesure, compte 58 membres qui interprètent des œuvres de la chanson française allant de Moustaki à Michel Fugain, Jean-Jacques Goldman et Johnny Hallyday.
Cours d'informatique
Rectification : les deux premières séances auront lieu jeudi 17 février de 16 h à 18 h, et le mardi 22 février de 14 h à 16 h, toujours à l'étage du centre social.
Il avait renversé un collégien à Désertines, jeudi. Le septuagénaire a été placé sous contrôle judiciaire et sera jugé le 30 mars par le tribunal correctionnel.
L'homme qui a renversé un élève dans la cour du collège Marie-Curie, jeudi à Désertines (lire aussi La Montagne d'aujourd'hui) a été déféré ce soir au parquet de Montluçon, à l'issue de sa garde à vue.
Il a expliqué avoir pris en chasse, à bord de son véhicule, un groupe de quatre élèves qui s'amusaient à sonner à sa porte. Un jeu semble-t-il pratiqué par de nombreux collégiens, qui a fini par entraîner une « réaction disproportionnée » de la part du septuagénaire excédé, estime Franck Graviou, le procureur de République. Le jeune garçon de treize ans, percuté par la Citroën C3, s'en sort avec une fracture tibia-péroné et une incapacité temporaire totale (ITT) de 91 jours.
Le conducteur de la voiture, un sourd-muet qui habite tout près du collège, a refusé d'admettre le caractère intentionnel de l'accident. Il voulait, a-t-il dit, simplement rattraper les collégiens pour les ramener au directeur. Une idée sur laquelle il se serait focalisé, et qui aurait précipité la collision.
Dans la soirée, l'homme a été présenté au juge des libertés et de la détention, qui devait prononcer son placement sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du procureur de la République. Son âge ainsi que l'absence d'antécédents judiciaires lui ont sans doute évité un placement en détention provisoire.
Le procureur de la République a toutefois demandé une interdiction de séjour à Désertines à l'encontre du septuagénaire, qui sera jugé par le tribunal correctionnel de Montluçon à l'audience du mercredi 30 mars pour « violences avec arme sur mineur de quinze ans dans l'enceinte d'un établissement scolaire ». Des faits pour lesquels il encourt une peine de dix ans de prison.
Un émouvant spectacle « bilingue » fait communier spectateurs sourds et entendants.
L'International Visual Theatre (l'IVT) est installé cité Chaptal, dans un lieu historique du 9 e arrondissement : l'ex-Grand Guignol. D'histoire, il en est beaucoup question dans « Héritages », la pièce de Bertrand Leclair montée par la comédienne sourde Emmanuelle Laborit -sa première mise en scène. Pas celle qu'on trouve dans les manuels scolaires. Celle des sourds qui, pendant près d'un siècle, depuis le congrès de Milan de 1880, se sont vu interdire l'éducation par gestes.
Le spectacle colle parfaitement à la vocation de l'IVT, qui, depuis 1976, vise à faire se rencontrer les cultures sourde et « entendante » : un sourd, Julien -accompagné de sa femme, Hélène, de son fils, Alex, et d'une interprète, Monique -, retrouve après vingt ans de rupture son frère, Xavier, et sa soeur, Françoise -tous deux entendants -, dans la maison familiale.
Enfant brimé
C'est la mort de leur mère qui les a réunis. Alors que se pose la question du devenir de la maison, Julien essaie d'expliquer à son frère psychorigide et à sa soeur plus compréhensive pourquoi il a rompu avec sa famille : à cause du père, militant de la « parole pure », rallié à la cause oraliste, qui l'a forcé à parler et l'a brimé durant toute son enfance. Sur scène, trois comédiens sourds (Simon Attia, Noémie Churlet, Thomas Leveque) et trois entendants (Marc Berman, Serpentine Teyssier et Anne-Marie Bisaro), dont l'une bilingue (l'interprète), se donnent la réplique, par mots ou par signes. Paroles et gestes se bousculent quand ils s'émeuvent et s'échauffent. Le public « mixte » vibre de concert.
Ce spectacle n'est pas seulement une leçon d'histoire et un divertissement, c'est une véritable expérience d'échange et de partage. Qui commence dans le hall du théâtre, où les entendants commandent avec des gestes maladroits un drink au jeune barman, qui leur répond par signes en souriant. Avant la représentation, beaucoup sont loin de se douter que cette langue qu'ils ne comprennent pas, mais qui leur paraît tellement riche et naturelle, a été si longtemps censurée (pratiquement jusqu'à la loi Fabius de 1991 sur l'éducation des enfants sourds).
Il y a un passage magnifique dans « Héritages » : lorsque le frère et la soeur se parlent à coeur ouvert. Julien s'emballe et Françoise, qui connaît pourtant des rudiments de la langue des signes, n'arrive plus à le suivre. Comme si la passion trop forte faisait soudain barrage à la communication. La pièce réserve plusieurs instants de cette intensité, même si, globalement, elle se présente plus comme un docu-théâtre que comme une oeuvre dramatique traditionnelle.
Ce que prouve en tout cas Emmanuelle Laborit dans sa mise en scène épurée, c'est que le signe est un formidable geste théâtral, qui crée l'émotion à l'égal de la parole. Les comédiens, tous bouleversants, nous régalent. Applaudissements et bras levés les saluent à tout rompre. Quand le théâtre est un pas de géant pour rapprocher les hommes, sourds et non sourds... Un beau signe d'espoir à ne pas rater
. PHILIPPE CHEVILLEY, Les Echos
http://www.lesechos.fr
« On l'a échappé belle ! ». Abdenabi Zaher, le principal du collège Marie-Curie de Désertines, près de Montluçon (Allier), était visiblement soulagé par le dénouement des événements survenus dans son établissement, jeudi 10 novembre, vers 13 h 30. Apparemment très énervé, un automobiliste de 70 ans a franchi à vive allure, au volant de sa C3, un des portails d'entrée du collège. Il a roulé quelques mètres et a, volontairement semble-t-il, renversé un élève de 13 ans qui se trouvait au milieu de l'allée. Puis, il a foncé sur un véhicule garé un peu plus loin, avant d'effectuer un demi-tour, vraisemblablement pour tenter de ressortir. Le collégien, victime d'une fracture du tibia et du péroné, étant étendu au sol, il a stoppé son véhicule et en est sorti.
Au moment où il se dirigeait vers l'élève, il a été maîtrisé par un agent de service. Avant d'être remis entre les mains des services de police, appelés entre-temps, et qui l'ont placé en garde à vue. L'ado- lescent a été transporté au centre hospitalier de Montluçon.
D'après les premiers éléments recueillis par les enquêteurs, il semble que le septuagénaire, un sourd-muet habitant à proximité du collège, était excédé par diverses dégradations commises notam- ment sur sa boîte aux lettres. Il avait déposé plusieurs mains courantes au commissariat
Légèrement alcoolisé au moment des faits, a-t-il voulu en découdre avec un ou plusieurs élèves qu'il pensait être les auteurs de ces faits ? Il aurait, été aperçu, un plus tôt, au volant de son véhicule, aux abords de l'établissement. Se dirigeait-il alors vers la cour où plusieurs centaines d'élèves se trouvaient, à ce moment de la journée ?
Hier soir, il était encore trop tôt pour le dire, de nombreux témoins n'a- yant pas encore été entendus. Un spécialiste du langage des signes a été appelé, pour auditionner le septuagénaire, « connu » depuis plus de vingt ans, par les différents principaux de Marie-Curie.
Ces derniers avaient, en effet, régulièrement eu à gérer des problèmes de voisinage avec lui. Mais jamais avec de telles conséquences...