L’histoire du langage des sourds à travers une histoire familiale
Emmanuelle Laborit signe sa première mise en scène.
Il est toujours bon d’aller à l’IVT et quelle meilleure approche pour ceux qui ne connaissent pas le monde des sourds, que d’aller y assister à un spectacle? Surtout lorsqu’il s’agit d’assister à la première mise en scène d’Emmanuelle Laborit, engagée depuis des années dans la reconnaissance de la langue des signes.
A l’occasion d’un héritage à régler, Julien, sourd de naissance, revient dans la maison familiale, y retrouve son frère et sa sœur qu’il n’a pas vus depuis des années. Un souvenir l’obsède, celui de son père, ennemi acharné de la langue des signes. A travers cette histoire personnelle, l’auteur, Bertrand Leclair, rappelle un événement essentiel de l’histoire des sourds, à savoir le Congrès de Milan de 1880 interdisant la langue des signes.
La pièce illustre clairement cet affrontement entre oralistes et partisans de l’expression par gestes, qui a perduré longtemps. Sur scène, comédiens entendants (Marc Berman, Serpentine Teyssier) et sourds (Simon Attia, Noémie Churlet, Thomas Leveque) jouent avec l’assistance d’une interprète, comme dans la vraie vie, et font éprouver la difficile communication entre les deux mondes.
Et si, au moment des applaudissements, on n’entend pas grand bruit, c’est que beaucoup se manifestent, à la manière des sourds, en agitant les mains en l’air. La situation, la mise en scène et les personnages sont à découvrir.
Héritages **
International Visual Theatre, 7 cité Chaptal, Paris 9e. Tél. 01 53 16 18 18 Jusqu’au 27 février.
Un teckel sourd commence à comprendre le langage des signes
Un chien sourd a commencé à apprendre le langage des signes dans une maison d'arrêt du Missouri, et suit des cours de "perfectionnement" dans une école pour sourds-muets, a annoncé la directrice de la prison, Barbara Garrison.
Sparky, un teckel, répond aux ordres de s'asseoir, de se coucher et de s'arrêter grâce aux détenus, et il est en cours d'apprentissage auprès des jeunes sourds-muets de signes signifiant manger et dehors.
La formation dont le chiot bénéficie fait partie d'un programme du département correctionnel du Missouri visant à proposer aux détenus une activité utile tout en réhabilitant des animaux de compagnie souffrant de handicaps qui les privent d'une chance d'adoption.
Ce programme, qui vise à éviter leur euthanasie, a "été bien plus loin que nous le pensions, c'est merveilleux", a déclaré Tina Holland, coordinatrice des activités à la maison d'arrêt de Licking.
Par Reuters
Des chiens sourds pour accompagner les personnes sourdes
La plupart des gens sont réticents à adopter un chien sourd, notamment car il sera beaucoup plus facile à éduquer, mais qu’en est-il si vous êtes vous-même sourd ? L’idée a pris forme dans la tête de prisonniers du Missouri (USA) qui ont appris la langue des signes à un Teckel atteint de surdité.
Après avoir enseigné des mots élémentaires en langue des signes au Teckel nommé Sparky, ils l’ont proposé à l’adoption à une école pour enfants sourds. Aujourd’hui Sparky vit avec les écoliers et a appris de nouveaux mots en langue des signes.
L’opération est un tel succès qu’un autre chien sourd, un Boston terrier du nom de Petie, pourrait rejoindre l’école. La directrice a jugé que l’arrivée du chien offrirait une bonne leçon d’apprentissage aux enfants sourds.
Sparky répond aux signes « assis », « stop », « couché », « donne la patte » et il travaille avec les enfants pour apprendre les mots « nourriture » et « dehors ».
Ces 2 chiens sourds qui comprennent la langue des signes font partie du programme « Chiots pour la parole » d’une prison du Missouri. Les détenus entraînent des animaux à problèmes que personne ne veut adopter et qui sont à 2 doigts d’être euthanasiés. Une coordinatrice qualifie le programme de merveilleux : « Les résultats surpassent ce que l’on attendait. Leur objectif est vraiment de trouver un toit à ces chiens. »
Introduire des animaux de compagnie dans la prison, c’est une idée qui a déjà fait son chemin. On ne peut que saluer ce genre de démarches !
Le théâtre, en partenariat avec l'Association des sourds du Gard, Accès culture et la fondation Orange, propose désormais, pour les personnes malentendantes, grâce au procédé de l'interprétation de la langue des signes en français et au dispositif de l'audiomagnétisme, d'assister aux représentations programmées.
Adèle Brouard, chargée, au théâtre, des relations avec le public, a développé un concept déjà appliqué depuis le début de la saison et appelé à voir son utilisation grandir. Un boîtier de réception, directement relié à une boucle magnétique et à un casque audio, permet désormais aux malentendants d'appréhender les dialogues et l'environnement sonore des spectacles à l'affiche de la scène de la place de La Calade. A l'heure actuelle, dix boucles magnétiques individuelles et
vingt casques légers sont disponibles.
En parallèle, pour le public malvoyant, le procédé de l'audiodescription figure également parmi les propositions mises en avant par le théâtre. Le prochain spectacle concerné sera la production des Femmes savantes, de Molière, pour la représentation du mercredi 16 février à 19 heures. Réservation obligatoire.
Depuis quelques années, l'association de la Langue des signes français (LSF), présidée par Philippe Lefevbre, dispense ses cours salle Jean-Monnet.
Depuis le mois de janvier, Marilyn Spégonia, animatrice en LSF, reçoit les élèves les premier et troisième samedi du mois, à partir de 16 h 30.
Stage mensuel à Argenton
L'association organise, également, des stages d'une journée, une fois par mois, avec le concours d'un professionnel de Visuel langue des signes, suivant le programme européen commun de référence pour les langues et les travaux d'adaptation de la langue des signes. Le prochain stage aura lieu à la salle des fêtes d'Argenton.
Contact Gérard Brouillon au 05 53 89 25 34 ou 06 70 63 18 10. Courriel : gegirez@orange.fr ou www.visuel-lsf.org
Notre capacité à compter et à manipuler les nombres dépend de notre langage, montre une nouvelle étude menée au Nicaragua.
Dans un pays comme la France, où l’on oppose si souvent maths et littérature, on pourrait presque en oublier qu’il n’ya pas de mathématiques sans langage. Mais jusqu’où nos mots conditionnent-ils notre capacité à manier les chiffres, à compter, à hiérarchiser des valeurs ? D’après les résultats d’une nouvelle étude menée au Nicaragua, les mots sont indispensables pour se représenter les grands nombres et compter.
Cette question fondamentale a déjà été étudiée à moult reprises. Plusieurs équipes se sont tournées vers des peuples d’Amazonie n’ayant pas de langage arithmétique complet pour mieux comprendre le rôle des mots sur la capacité de compter (lire Arithmétique en Amazonie). Cependant ces Indiens vivent dans une société où les grands nombres et les valeurs exactes ne sont pas nécessaires. Pour éviter cet écueil, Elizabet Spaepen (Université de Chicago, E-U) et ses collègues ont mené leur étude au Nicaragua auprès de personnes sourdes et muettes.
Une communication gestuelle personnelle
Les chercheurs ont fait passer des tests à quatre sourds-muets qui n’ont pas appris la langue des signes mais qui ont développé leur propre gestuelle pour communiquer avec leur entourage. Ils travaillent, gagnent leur vie, participent à une économie basée sur la valeur exacte des choses, non sur des approximations, soulignent Spaepen et ses collègues. Ils ont comparés leurs performances avec celles de deux sourds -muets connaissant la langue des signes (qui ont donc appris la suite numérique). Ils ont aussi réalisé les mêmes tests avec quatre Nicaraguayens illettrés, sachant que les quatre sourds-muets ont peu fréquenté les bancs de l’école.
Les sourds-muets ayant appris la langue des signes et les illettrés ont obtenu de meilleurs résultats que les sourds-muets autodidactes, constatent les chercheurs. Ces derniers ont une compréhension incomplète de la valeur numérique parce qu’on ne leur a jamais appris la suite numérique (un, deux, trois, quatre etc), conclue l’équipe d’Elizabet Spaepen.
Difficultés au-delà de 3
Lorsque ces sourds-muets manipulent la monnaie de leur pays, ils sont capables de dire qu’un billet de 20 est plus grand qu’un billet de 10 ou que 9 billets de 10 font moins qu’un billet de 100. Cependant cet apprentissage serait en grande partie basé sur les couleurs et les formes différentes des billets. En effet, lorsque ces mêmes personnes doivent manier des nombres sans le support de la monnaie, ils éprouvent des difficultés au-delà du trois. Il leur est par exemple demandé de mettre sur la table le nombre de jetons correspondant au nombre de fois où l’expérimentateur touche le dos de leur main. Ils sortent trois jetons pour quatre coups, quatre jetons pour six coups.
Mieux comprendre la place des mots dans l’arithmétique devrait aider les pédagogues à enseigner les mathématiques aux enfants. C’est tout le sens du travail mené en France par la chercheuse Stella Baruck, qui veut redonner du sens au mathématiques dès le CP.
Arithmétique en Amazonie
L’équipe de Peter Gordon (Université de Columbia, E-U) avait observé que les Pirahã, qui n’ont pas de mots au-delà de 2 si ce n’est pour dire « beaucoup », avaient du mal à manier des quantités supérieures à 3. Il en concluait que le langage conditionne les capacités cognitives, au moins en arithmétique.
D’un autre côté, l’équipe de Stanislas Dehaene (Inserm) et Pierre Pica (CNRS) a fait passer des tests aux Indiens Mundurucus, qui ont des mots jusqu’à cinq. Aux tests d’approximation, ces Amazoniens obtiennent des résultats comparables à des Français. En revanche, ils ne peuvent pas faire de calcul avec une valeur exacte au-delà de cinq. Dehaene et ses collègues concluaient cependant qu’il existe une capacité arithmétique indépendante du langage.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.fr
08/02/11
http://www.sciencesetavenir.fr
Thoissey : les faux sourds et muets étaient des « voleurs par ruse »
Ils tapaient à la porte et tendaient un papier indiquant « je suis sourd et muet », marqué à l’en-tête d’une pseudo-association, et invitant à inscrire son nom et effectuer un don.
Mais s’ils n’avaient pas l’usage de la parole, ils s’y « entendaient » bien pour dérober tout ce qui se trouvait à leur portée dès que l’occupant des lieux avait tourné le dos.
Un habitant de Thoissey en a fait les frais cette semaine : son smartphone avait été dérobé pendant qu’il remplissait une formule de chèque.
Vendredi matin, les gendarmes de la communauté de brigades de Thoissey ont interpellé six personnes, dont deux mineurs, correspondant au signalement des voleurs, occupés à quémander dans les rues. Ils ont pu être identifiés grâce à la vidéosurveillance d’un bureau de tabac.
Ces ressortissants roumains étaient logés à douze dans un hôtel de Villefranche-sur-Saône où les chambres ont été vandalisées. Trois d’entre eux, deux hommes et une femme, ont été mis en cause dans un vol identique commis dans un commerce de vêtements à Norétable (Loire). Ils ont été convoqués devant le tribunal correctionnel. Leur voiture a été saisie et consignée pour garantir l’indemnisation des victimes.
F. B.
publié le 06.02.2011
http://www.leprogres.fr
Un accusé sourd et muet jugé pour viols sur sa belle-fille mineure
Le procès de Jean-Louis Jacob, 55 ans, sourd-muet, accusé de viols sur sa belle-fille mineure, s'est ouvert jeudi à Chartres.
C'est le silence qui règne dans ce procès un peu particulier. D'abord, le silence de l'accusé, sourd-muet, qui communique en langue des signes et émet quelques rares sons aigus. Les longs silences, ensuite, au cours de l'audience, lorsque les interprètes traduisent les questions et les réponses. Le silence, enfin, qui a imposé sa loi pendant cinq ans. Cinq années durant lesquelles la victime mineure s'est tue et a subi les viols commis par son beau-père.
C'était devenu une « habitude », d'après les termes mêmes de la victime. Plusieurs fois par semaine, puis « seulement » le week-end quand elle était en internat. Jean-Louis Jacob, 55 ans, abusait de la fille de sa compagne, dans leur maison de Chuisnes. Les premières caresses sur le sexe ont débuté en 2003, quand l'enfant avait 10 ans, et les viols se sont répétés jusqu'en novembre 2008. C'est à cette date que la jeune fille, alors âgée de 15 ans, a trouvé le courage de porter plainte au commissariat de Chartres.
Chantage et cadeaux
Depuis 26 mois, son ex-beau-père est incarcéré à Chartres. L'accusé a tout de suite reconnu avoir eu des relations sexuelles avec sa belle-fille, sans arriver à parler de viols : « Pour moi, il y a une notion de violence, disait-il aux enquêteurs. Mais je n'ai jamais été violent. Je n'ai pas déchiré ses vêtements. » Hier, pourtant, il avouait qu'il y avait bien eu viols sur sa belle-fille.
« C'est venu comme ça, un soir. Je suis mauvais dans ma tête, explique-t-il. Je pensais à ça, j'en étais obsédé. Mais j'étais aussi très angoissé, je lui demandais si ça allait. Mais je réalise maintenant qu'elle était très petite » Pour acheter son silence et « rééquilibrer les choses », Jean-Louis Jacob gâte la petite : « Je sentais que je l'avais un peu obligée à faire ça. Donc, je lui disais “Merci” et je lui donnais de l'argent. Je me sentais redevable », raconte-t-il. Sans compter les nombreux cadeaux : téléphone portable, bijoux et vêtements qu'il lui offre.
Mais ce qui retient surtout l'enfant de parler, c'est le chantage qu'il lui fait. Il la menace notamment de quitter sa mère et de se suicider si elle révèle les faits. Alors, pour ne pas faire éclater la cellule familiale, la jeune fille ne dit rien. Et surtout pas à sa mère, qui dit n'avoir jamais rien remarqué. Hier, à l'audience, cette femme de 39 ans, elle aussi sourde et muette, a continué à se placer dans le camp de son compagnon. Répondant systématiquement à côté, elle a même chargé sa fille : « Elle a tout gâché, affirme-t-elle. Avant, la famille était bien unie. » L'adolescente n'a plus de contact avec elle depuis deux ans et l'appelle par son prénom : « Pour moi, ce n'est plus ma mère. Elle n'existe pas. Elle n'a pas eu un comportement de mère », dit-elle en pleurant.
Quant à son beau-père, lui aussi victime d'un pédophile et témoin des ébats de sa mère quand il était petit, il semble parfois ne pas réaliser les conséquences de ces viols. « Il a un réel sentiment de culpabilité, il sait que ce qu'il a fait n'est pas bien et dit que tout est de sa faute. Mais il n'intègre pas la dimension de l'autre », analyse le psychiatre.
Il ne manifeste donc aucune compassion pour sa victime. Seulement des excuses : « Je voudrais lui demander pardon. J'ai les larmes qui montent. Je ne voudrais pas qu'elle ait peur de moi. » Ce procès, ouvert au public, doit se terminer ce soir. L'homme encourt vingt ans de réclusion criminelle.
Marie Guibal
La grande audition, spectacle musical inédit le 22 février sur France 3
grande-audition.jpg Le 22 février après Soir 3, France 3 proposera une soirée musicale, colorée, pleine de rebondissements sous le signe du talent et de l’acception de la différence. « La grande audition » c’est 90 minutes de rire et d’émotion avec des artistes hors du commun qui changera notre regard sur le handicap.
Après le succès des « Hors la loi » en 2005, l’association Handi-Art fondée et présidée par Ounissa Yazid nous offre une nouvelle création présentée en juin dernier au Théâtre du Gymnase Marie Bell de Paris. Ce spectacle musical réunit une cinquantaine d’artistes dont certains atteints de handicap : des comédiens, des chanteurs, des danseurs de l’Opéra National de Paris, de jazz, de blues... Parmi eux, la comédienne Genevieve Gil, le chanteur Rosario Cusumano, le pianiste Jean-Philippe Rykiel, la chorale Gospel Dream (gospel en langue des signes) et bien d’autres talents…
Une soirée imaginée pour sensibiliser l’opinion aux clivages contre-performants et à la discrimination qui peuvent subsister entre le monde du handicap et le reste de la société. Ne plus avoir peur des différences, mais les accepter, tout simplement.
L’histoire : Divine (Ludivine Briffaud), artiste aux multiples talents, décide après de nombreuses déceptions, de faire partie d’un nouveau spectacle que va présenter une célèbre productrice (Viviane Blassel). Au cours de l’audition exceptionnelle organisée pour choisir les artistes de la troupe, Divine se donne toutes les chances d’être acceptée... à sa manière !
Café-signes. Première rencontre vendredi, au Rallye à Vannes (56)
Le café-signes, c'est une rencontre entre sourds et entendants. Un concept qui existe déjà à Lorient et à Auray. «Il y en avait un à Vannes aussi, à la librairie Les Amis de la BD, rue Hoche, mais il s'est arrêté il y a quelques années», expliquent Karine Nouailles et Philippe Cosson, à l'origine de la reprise de l'animation, qui aura lieu désormais au bar Le Rallye, place Maurice-Marchais, à raison d'une fois par mois, le premier vendredi. La première rencontre est prévue demain, à 19h. «On va voir comment cela se passe. L'idée, c'est que les gens se rencontrent, se parlent et échangent. Il faut briser le mur invisible entre les sourds et les entendants.» À l'origine du projet: les formations gratuites, organisées par la Mutuelle Prévadiès, pour apprendre la langue des signes. «On s'est rendu compte que beaucoup de gens concernés habitaient les environs, jusqu'à LaRoche-Bernard. On trouvait dommage de ne pas pouvoir se rencontrer dans un lieu proche de Vannes», constatent Karine Nouailles et Philippe Cosson. Une fois la prise de contact effectuée, le rendez-vous pourrait favoriser les échanges de services, pour réaliser une démarche administrative par exemple. Pratique Café-signes au bar Le Rallye, place Maurice-Marchais, vendredi 4février, à partir de 19h. Contact: kc.nouailles@live.fr