Personnes handicapés: sortir de l'ombre et vivre normalement
Semaine nationale de visibilité de l'action communautaire autonome 2011
Dans le cadre de la Semaine nationale de visibilité de l'action communautaire autonome 2011 qui se tiendra du 23 au 29 octobre, Le Courrier Laval vous propose une série d’articles sur le travail des groupes communautaires de la région.
À Laval, ils seraient 80 000 à vivre avec un handicap. Qu’il soit mental ou physique, le handicap représente tout un obstacle et renferme souvent l'individu dans un monde qui lui est propre.
Briser l’isolement des personnes handicapées est donc naturellement devenue la mission principale des 27 organismes œuvrant pour cette population.
Briser la glace
«Certains ne sortaient pas du tout avant d’être membres chez nous», admet Maria Angela Forioso, de la Société canadienne de la sclérose en plaques section Laval.
Activités créatives, culturelles, de loisirs et sportives, l’organisme renouvelle sans cesse ses activités, afin de permettre à ses 500 membres de socialiser. «Pour beaucoup, c’est difficile de sortir, soit parce qu’ils n’ont pas envie, soit parce que les lieux ne sont pas adaptés. Cela représente souvent une montagne pour eux», ajoute-t-elle.
Mais pour Annie Rivard, atteinte de la sclérose en plaques depuis 27 ans, rester inactive n'était pas une option. «J'ai la chance de pouvoir marcher, d'être encore très autonome. Et les activités physiques permettent de maintenir l'acquis», pense celle qui suit des cours de gymnastique régulièrement offerts par l'organisme.
Accessibilité universelle en santé…
Au-delà des activités sociales, certains organismes deviennent de véritables chiens de garde des droits des personnes handicapées.
«Plusieurs ont travesti leur mission avec les années, car le système de santé nous a laissé tombés», regrette Diane Melnitzky, secrétaire du conseil d'administration du Regroupement des organismes de promotion des personnes handicapées de Laval et directrice de Dysphasie +. Pour les personnes sourdes ou malentendantes, l'attente à l'hôpital peut s'avérer un cauchemar. «Avant, quand j'allais pour une prise de sang, j'attendais des heures, et ils passaient mon tour, relate Isabelle Guimond, malentendante, qui s'est adressée à l'Association des personnes vivant avec une surdité de Laval (APVSL). Après plusieurs négociations avec l'organisme, les CLSC donnent aujourd'hui un carton aux personnes sourdes et malentendantes, afin de signaler leur handicap.
La difficulté à avoir accès à un interprète sur le territoire a aussi bien des conséquences sur cette clientèle. «Ne sachant pas où aller et par la force des choses, nous étions devenus des intervenants psychosociaux, tient à souligner Louise De Serres, agente de communication à l'APVSL. Il nous aura fallu cinq ans de négociations pour que l'Institut Raymond Dewar accepte de créer un service spécial pour les sourds au CLSC Marigot.»
…et au travail
Le handicap repousserait encore trop souvent les employeurs, selon le coordonnateur Yvon Mantha.
«Souvent, les patrons ont peur d'embaucher des personnes sourdes. Pourtant, on est tout aussi capables de travailler.» Alors qu'elle travaillait pour une entreprise de vente par correspondance de livres, Line Noiseaux a dû négocier trois semaines de bénévolat avec son futur employeur pour décrocher un essai. «Finalement, tout s'est bien passé. Certains collègues ont même appris la langue des signes québécoise.»
Référencement
Malgré le travail accompli pour leur communauté respective, les organismes ne semblent agir que sur une partie de la population concernée.
«Nous avons 140 membres, alors qu'on estime que 9000 Lavallois sont atteints de surdité et de déficience auditive», ajoute Yvon Mantha. Pourquoi ? Parce que le monde institutionnel serait mal informé sur les ressources communautaires, selon Diane Melnitzky. «Beaucoup d'intervenants ne nous connaissent pas. Avec les fusions et la mouvance du personnel dans les centres hospitaliers et au CSLC, beaucoup ne sont pas au courant de ce que nous faisons», regrette-t-elle.
Une situation regrettable, qui ne fait qu'augmenter le temps d'isolement de certaines personnes. «Un coup de téléphone à un groupe peut soulager bien des soucis», assure la secrétaire du conseil d'administration.
Publié le 29 Septembre 2011
http://www.courrierlaval.com
Camille Gaïor
2011/10/13 14:28
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