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Emploi, démarches : le parcours est semé d'embûches pour les sourds (Presse)

Emploi, démarches : le parcours est semé d'embûches pour les sourds

LES VISAGES DE L'ACTUALITÉ |

Difficultés à se faire comprendre au guichetd'une administration ou chezun médecin, obstacles pour décrocher un emploi... Depuis jeudi et jusqu'à ce soir, la parole est aux sourds et aux malentendants à la Maison de l'éducation permanente, dansle cadre des 13es Journées mondiales des sourds.

PAR CATHERINE BOUTEILLE


lille@lavoixdunord.fr PHOTO « LA VOIX »

S'il arrive à se faire comprendre des commerçants « grâce aux mimes », le quotidien de Jérôme, Lillois de 37 ans et sourd de naissance, est loin d'être un long fleuve tranquille. Surtout lorsqu'il doit effectuer des démarches administratives ou acheter un billet de train. « Il n'y a pas assez de personnes formées à la langue des signes (LSF), soupire Jérôme. Mais pour moi, le plus dur, c'est le téléphone. Impossible de répondre à un appel. »

Perte d'auditionet d'emploi

Une situation gênante au quotidien, et qui a même coûté son emploi à Léocadie, 23 ans. « Je travaillais dans une banque qui m'a licenciée car je n'étais pas capable de répondre aux appels téléphoniques. Depuis, je n'ai pas retrouvé d'emploi », précise la jeune femme, qui a perdu progressivement l'ouïe à l'âge de 3 ans. Une perte brutale psychologiquement car « j'ai eu le temps de m'habituer à ce qu'est le bruit, même si on parlait déjà en langue des signes à la maison, mes proches étant sourds. J'appartenais au monde des entendants et des sourds, avant de n'appartenir qu'au second ». Si elle communique sans difficulté avec les membres de sa famille, elle ne peut s'empêcher de trouver pesante cette barrière du langage qui limite la communication entre sourds et entendants. « Lorsque vous avez un problème de remboursement avec la CAF, c'est très difficile de se faire comprendre. La langue des signes n'est pas assez enseignée aux agents. Et pour prendre un interprète, ce n'est pas évident. Il n'y en a que quinze pour toute la région ! » Soit un interprète pour 1 000 personnes, et un seul médecin au CHR capable de communiquer en langue des signes pour la région. « Il y a encore bien des efforts à faire dans la région en matière d'accessibilité à la médecine, analyse Jean-Pierre Dupont, le président du Centre de formation à la langue des signes (CFLS). Une loi de 2005 rend obligatoire l'accessibilité des services publics pour 2015. On n'y est pas encore, comme pour l'accès à l'emploi. Les sourds peuvent travailler dans tout type de métier, et pas simplement les manuels. J'aimerais qu'on ait plus de sourds qui deviennent chauffeurs de taxi ou avocats. Il n'y a aucune raison que les sourds soient des citoyens de seconde zone. » Les participants à ces 13es Journées internationales des sourds feront d'ailleurs entendre leur malaise cet après-midi dans les rues de Lille, lors d'une parade en gants blancs. •

Information et renseignementpour des cours de LSF sur le site www.languesignes-lille.fr

samedi 24.09.2011, 05:20
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2011/09/28 16:14 - BB