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« A l'auberge de jeunesse, on peut tout apprendre » (Presse)

« A l'auberge de jeunesse, on peut tout apprendre »

L'auberge de jeunesse de Rennes n'abrite pas seulement de jeunes voyageurs. Familles, retraités, étudiants, étrangers, gens en transit, tous s'y croisent.
Reportage

« Mais, comment je fais avec le persil ? » Autour de la table, les autres éclatent de rire, pendant qu'Olivier, 22 ans, assume son ignorance en souriant. « Voilà, ce sont ces moments-là que j'aime dans les auberges de jeunesse ! » s'exclame la directrice Sophie Toquet. « Avec toutes ces rencontres possibles, on peut tout apprendre ! » Même à couper le persil à l'occasion d'un atelier cuisine.

« Ce soir, explique l'animatrice Aïcha, chacun apporte un ou plusieurs ingrédients, et on improvise ». Ça permet de découvrir des recettes, y compris exotiques, et « cela crée des occasions de discuter », apprécie Bruno, venu de Laval pour quelques jours de vacances. Il a raffolé de l'animation précédente, une initiation à la langue des signes : « Il y avait plein d'étrangers, des Anglais, des Québécois, des Slaves. Et du coup, tout le monde se parlait ! » Joli symbole...

Tandis qu'on hache l'ail et qu'on pèle les oignons, les mêmes mots reviennent pour décrire l'AJ : « rencontrer », « discuter », « découvrir ». Tous ne sont pas de joyeux vacanciers. En cette fin d'été, arrivent à Rennes des personnes davantage en transit qu'en voyage d'agrément. Ils sont en quête d'un logement, ou même d'un travail. Voire, comme Alexis, d'une nouvelle trajectoire. En toute sincérité, cet informaticien de 35 ans, définitivement fâché avec sa ville d'origine, Paris, déclare puiser ici « des contacts, une chaleur humaine » qui semblent réparer des années de solitude.

« A l'AJ, c'est le monde entier qui défile »

À côté, Nelly, 50 ans, affiche une belle expérience des AJ. Elle les utilise comme parenthèse entre deux villes, le temps de trouver un emploi. Cette fois, la conductrice de bus a quitté Nice pour la Bretagne. Et choisi Rennes comme base « pour trouver un emploi et m'installer. Dans cette région, les gens sont civilisés, il y a la nature, il ne fait pas trop chaud... et c'est bien moins cher que sur la Côte d'Azur ! »

Avec une nuit à 20,35 € en chambre double (ou triple ou quadruple), petit-déjeuner compris, l'AJ est d'abord pour elle une solution d'ordre « pratique et financier ». Ce qui n'empêche pas un réel enthousiasme : « On ne s'ennuie jamais ! Le monde entier qui défile ici : j'ai rencontré des Australiens, des Coréens, des Anglais, un Slovène, des Italiens, un Taïwanais... » Même partager une chambre ne la gêne pas : « Au contraire, c'est rigolo, on ne sait jamais qui va arriver ! »

Olivier est venu à l'atelier cuisine avec Sehoo, un Coréen de 34 ans. Le jeune Français n'a pas de toit. Pour lui, cette semaine à l'auberge est un répit. Entouré de l'amitié des autres AJistes mais aussi l'équipe de l'auberge, il se sent soutenu : « Ici, je n'ai pas l'impression d'être un SDF. Je me sens juste normal. Et j'en profite pour continuer d'apprendre le coréen et le japonais avec les étudiants qui sont ici. Comme Sehoo ! » Celui-ci fait partie des étudiants qui passent par l'AJ le temps de trouver un hébergement stable, à l'année. Il ne saura qu'en septembre s'il est admis en biologie. Il apprécie les lieux : « C'est très bien pour les voyageurs. Et c'est très joli », précise-t-il en montrant le jardin au bord du canal. « Mais il y aurait trop de choses que je ne sais pas dire en français, ni en anglais », s'excuse-t-il d'un sourire.

En cette mi-août, les étudiants étrangers sont les premiers à s'installer à l'AJ le temps de trouver un toit fixe. Telles ces deux Suédoises qui arrivent, bardées de valises. Elles n'auront leurs clés que demain. Fin août, la vague des Français suivra. Et comme chaque rentrée, certains se découvriront un co-locataire au détour d'une animation ou d'un petit-déjeuner...

Isabelle BORDES
http://www.ouest-france.fr

lundi 22 août 2011

2011/09/07 15:32 - BB