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Des signes pour mieux se comprendre (Presse)

Secours d’urgence
Des signes pour mieux se comprendre

Un groupe de médecins urgentistes et secouristes alsaciens a mis au point un langage par signes, intuitif, pour permettre à des équipes de nationalités différentes de communiquer entre elles sans avoir à connaître la langue de l’autre. Le système sera officiellement présenté au congrès de la sécurité civile à Strasbourg début septembre.

« Lors de l’exercice NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique) de la gare de Strasbourg en 2005, il y a eu des problèmes de communication, explique le Dr Christophe Berna, médecin urgentiste aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg. On avait trouvé une solution partielle en communiquant avec les mains avec des Italiens. Du coup, j’ai pris contact avec trois autres collègues qui font partie du Maillon blanc, une unité d’accueil des patients sourds. On a décidé de créer un module médical, basé sur un langage des signes intuitif pour permettre une communication non verbale. »

Au début, le projet peine à convaincre les décideurs et… les financeurs. Mais peu à peu l’idée fait son chemin. « Sur une scène de catastrophe, le niveau sonore élevé, la barrière de la langue mais aussi le port de combinaison rend difficile la communication verbale, poursuit le médecin urgentiste. En utilisant les gestes, on rétablit une communication efficace compréhensible entre des équipes de n’importe quel pays. »

Aujourd’hui, deux équipes de six sauveteurs allemands du THW (Technishes Hilfswerk) du Bade-Wurtemberg et français, de l’ADPC 67 (Association départementale de la protection civile du Bas-Rhin) ont été formées en deux week-ends. Car il existe, depuis des années, une collaboration transfrontalière entre ces deux structures, mais rendue plus difficile par la barrière de la langue.

Une démonstration du nouveau code gestuel a été faite tout récemment à Mundolsheim par plusieurs de ces sauveteurs sur une victime factice. La communication s’est faite rapidement et sans qu’une seule parole ne soit échangée. Deux secouristes, un Allemand et un Français, ont procédé aux premiers gestes de sauvetage en coordination parfaite, appliquant et restituant le code appris pendant deux jours.

« Il y a 120 codes gestuels à mémoriser, précise Jean-Michel Barthel, bénévole et responsable communication à la protection civile. Ce langage est différent de la langue des signes des sourds, car il est intuitif et permet un apprentissage rapide avec une très bonne mémorisation. »

Les codes vont de la présentation des intervenants, (médecin, secouriste etc..) aux gestes d’urgence, mais aussi au diagnostic et médicaments utilisés ou à utiliser. « Il n’y a pas besoin d’enrichir trop le vocabulaire, souligne Jean-Michel Barthel, car on utilise ce code dans un cadre de première urgence. »

Une association, B4Com, a été créée pour porter au niveau européen ce nouveau système de communication. Outre le module médical présenté hier, un autre module plus spécialisé dans le sauvetage déblaiement est en développement. « Une autre originalité du système est qu’il est enseigné par des sourds, indique Christophe Berna. Cela leur donne une nouvelle visibilité car ils deviennent apprenants pour entendants. »

Ce nouveau code non verbal sera présenté début septembre lors du congrès national de la protection civile qui se déroule cette année à Strasbourg, un congrès axé sur le volontariat européen en matière de sécurité civile. « Car développer un secourisme à l’échelle de l’Europe passe par un langage commun», conclut Jean-Michel Barthel.



le 09/08/2011 à 05:00 par G.D-A.
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2011/09/07 14:49 - BB