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Me Paul Baombé:Nos tribunaux n'ont pas de traducteurs attitrés - Afrique (A l'étranger)

Me Paul Baombé:Nos tribunaux n'ont pas de traducteurs attitrés

L’avocat au barreau du Cameroun parle de l’importance d’un interprète dans la recherche de la vérité.[B]Quel est le rôle d’un traducteur dans un tribunal ?[/B]
L’objet d’un procès pénal est la recherche de la vérité, et on parvient à la vérité essentiellement par le parler. L’un des aspects fondamentaux des droits de la défense est que le prévenu, donc la personne poursuivie, soit bien comprise de la juridiction qui le juge et qu’elle-même comprenne parfaitement ce que disent toutes les autres parties prenantes. Il apparaît donc que le problème de la langue est fondamental dans un procès pénal. Et, conscient du fait que la langue n’est pas unique dans le monde, le législateur a prévu des cas où la langue comprise par les membres de la juridiction n’est pas celle que maîtrise la personne poursuivie.

[B]Que doit donc faire le tribunal lorsque la langue parlée par l’une des parties n’est pas comprise des autres ?[/B]
Lorsqu’il se trouve devant une situation où la personne poursuivie s’exprime dans une langue que ne maîtrise pas le tribunal et les autres parties prenantes, le tribunal doit suspendre l’audience, rechercher un interprète pour traduire les déclarations du prévenu au tribunal et les déclarations des autres parties prenantes à la personne poursuivie, pour que tout le monde soit en phase.

Cela est prévu dans l’article 354 du Code de procédure pénale, qui stipule que si le prévenu ne s’exprime pas dans l’une des langues officielles comprises par les membres du tribunal, ce dernier désigne d’office un interprète âgé de 21 ans au moins et lui fait prêter serment, en jurant de traduire fidèlement les paroles des personnes parlant des langues différentes ou de traduire fidèlement le document en cause. Bien entendu, le greffier audiencier, les témoins ou les parties au procès ne peuvent pas être interprètes parce qu’il n’y aura pas l’objectivité recherchée.

[B]Que doit faire le tribunal s’il constate que la traduction n’est pas fidèlement faite ?[/B]
Si, au cours de la traduction, soit le tribunal ou l’une des parties constate que la traduction n’est pas fidèle, on peut demander au tribunal, une fois encore, de chercher un nouvel interprète et de ne pas prendre en compte les déclarations faites par ce précédent interprète. L’effort que fait le législateur, c’est de s’assurer de l’objectivité de l’interprète. Si on ne dit pas tout, ou si on dit des choses qui n’ont pas été dites pour apporter un complément aux déclarations de l’une des parties, l’interprète trahit sa mission. A ce moment, on le met de coté et on trouve un nouvel interprète. Il y a même des cas de sourds-muets – parce qu’il peut arriver qu’un sourd-muet soit poursuivi en justice – et, dans une telle situation, l’article 357 du Code de procédure pénale prévoit également le recours à un interprète qui, à travers des gestes, va traduire les propos des uns et des autres.
Cela veut-il dire qu’il n’y a pas des personnes recrutées uniquement comme traducteurs dans des tribunaux ?
Pour le moment, les tribunaux camerounais n’ont pas de personnes recrutées uniquement pour cette tâche. On peut avoir une liste indicative de traducteurs, mais ce n’est pas comme des experts judiciaires où il y a une liste arrêtée. En vérité, on fait recours à celui qui offre un critère d’objectivité et qui est volontaire à apporter son concours à la recherche de la vérité.

Jeudi, 04 Août 2011 Blaise Djouokep
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2011/08/11 15:22 - BB