http://bbnewscom.free.fr

Surdité. Un projet de loi qui ne passe pas (Presse)

Surdité. Un projet de loi qui ne passe pas

Le collectif des sourds en Finistère a manifesté, hier, devant la sous-préfecture pour protester contre le projet de loi sur le dépistage néonatal de la surdité. Les manifestants demandentune meilleure reconnaissance de la langue des signes.

Ils sont une trentaine à battre le pavé devant la sous-préfecture, en ce début d'après-midi polaire. Mais à l'inverse de toutes les autres manifestations, celle-ci est totalement silencieuse. Dans le groupe qui entend informer et faire savoir la nature de sa contestation, àl'aide de grands panneaux accrochés aux grilles, pas l'ombre d'un orateur. Il faut se débrouiller par écrit pour comprendre ce qui mobilise cette association et provoque son courroux de la sorte. Hier, apprend-on, les députés devaient se réunir pour adopter une loi de dépistage ultra-précoce et obligatoire de la surdité. Une mesure qui ne passe pas auprès de ce collectif qui estime que la surmédicalisation dès la naissance est le pire des débuts dans la vie d'un enfant sourd.

«Dès le début, on prend l'enfant à sa mère»

«Dès le début de vie, dès les premiers jours, on prend l'enfant à sa mère et on empêche la relation naturelle de se faire», écrit Laëtitia Morvan, présidente de ce collectif qui fustige le poids de certains médecins dans l'élaboration de cette loi «contre l'avis de beaucoup d'autres». Elle relaie que le dépistage ultra-précoce serait de surcroît une hérésie lorsque des études montrent que ce n'est que vers le sixième mois de l'enfant que le diagnostic de surdité serait certain. «Le choix du tout-médical suppose des soins très lourds et à vie, continue-t-elle à écrire. Nous demandons que les parents soient parfaitement informés qu'une autre voie est possible, la voie humaine». À ses yeux, ce choix suppose une meilleure connaissance du «bilinguisme» consacré par la langue française des sourds (LSF) et le refus d'assimiler la surdité à une pathologie. Et surtout à une pathologie devant être soignée à tout prix. «Nous, les sourds, nous sommes super heureux», poursuit-elle, convaincue par la voix de Geneviève Le Corre, secrétaire de l'association et capable «d'oralité», que « la LSF est, depuis la loi de 1995, sur l'égalité des chances, une langue de la République».

Contre l'oralité à tout prix

Cette même Geneviève Le Corre appuie alors sur les maux dont souffriraient les sourds, insuffisamment suivis à son goût (et à celui de cette association) par le système scolaire qu'elle estime sous-équipé et mal boutiqué pour eux. «On privilégie l'apprentissage de l'oralité, mais ce n'est pas l'unique solution. Cette méthode conduit au fait que 80% des sourds-muets sont illettrés et reclassés en apprentissage», estime-t-elle, même si cette affirmation est souvent contredite par une autre partie de la communauté sourde. En tout état de cause, quoi qu'il en soit, il est des manifestations silencieuses qui en valent certaines autres nettement plus bruyantes.

* Steven Le Roy
http://brest.letelegramme.com

2010/12/01 12:01 - BB