«Sourd ne veut pas dire malade»
Ce mardi 30 novembre, une trentaine de manifestants se sont rassemblés devant la préfecture de Lille pour protester contre une proposition de loi prévoyant la généralisation du dépistage des troubles de l'audition dès les premiers jours suivant la naissance.
Ces manifestants, sourds, malentendants et entendants, ont répondu à l'appel de la Fédération nationale des sourds de France (FNSF).
En écho à la manifestation organisée à Paris, près de l'Assemblée nationale, les manifestants lillois sont vent debout contre une disposition prévoyant un dépistage des troubles de l'audition dès les jours suivant la naissance de l'enfant, « avant la fin du troisième mois ». Parmi eux, plusieurs salariés du CFLS (centre de formation à la langue des signes), portaient pancartes et autocollants proclamant leur opposition au dépistage néonatal. Giovanni Rito, enseignant en LSF (Langue des signes française) et lui-même sourd, a expliqué les raisons de cette mobilisation. (Voir la vidéo ci-dessous)
Lille : manifestation contre le dépistage de la surdité
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Il exprime notamment son « inquiétude » devant la perspective d'un dépistage néonatal généralisé et systématique, craignant que cela ne conduise à ce que les parents d'enfants sourds ou malentendants ne soient « orientés seulement vers le secteur médical », vers « des médecins, des psychologues, des orthophonistes »
L'enseignant insiste particulièrement sur l'importance de la LSF (langue des signes française) comme outil de communication privilégié, seul à même de permettre « d'exprimer des pensées, de créer ses propres images ». Giovanni Rito évoque également le « patrimoine » de la « culture sourde », l'opposant à une politique d'intégration individuelle qui, selon lui, a des limites, tout comme le traitement de la surdité par le seul biais médical. « On en a marre que tout le monde ne nous voit que comme des oreilles qu'il faut réparer », expose-t-il notamment, insistant sur le fait que « sourd, cela ne veut pas dire malade ! ».
Un autre risque sur lequel la FNSF insiste au niveau national, est celui de potentielles erreurs de diagnostiques : « Sur 10 enfants dépistés précocement, un seul sera effectivement sourd soit 9 faux positifs sur 10 (...) A l'inverse, la surdité n'est pas systématiquement visible à la naissance et des surdités tardives peuvent survenir ».
Publié le mardi 30 novembre 2010 à 20h14 - MATTHIEU MILLECAMPS
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2010/12/01 11:59
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